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Une comète va-t-elle percuter Mars le 19 octobre 2014 ?
Texte de Thibaut Alexandre
Depuis quelques jours, la rumeur enfle sur les sites internet consacrés à l'astronomie : en octobre 2014, la planète Mars va voir s'approcher une comète de très près. A l'heure actuelle, tout risque de collision n'est effectivement pas exclu.
Si l'année 2013 a été baptisée « l'année des comètes » du fait de passages de très belles comètes dans notre ciel (C/2012 F6 Lemmon, C/2011 L4 PANSTARRS et C/2012 S1 ISON), l'année 2014 ne sera pas en reste en matière de « boules de neige sale », ce surnom donné aux comètes par Fred L. Whipple.
En effet, 2014 correspondra à l'arrivée de la sonde Rosetta autour du noyau de 67P/Churyumov-Gerasimenko, et de l'envoi à sa surface de l'atterrisseur Philae. Depuis quelques semaines, c'est un tout autre spectacle cométaire qui est également attendu, du côté de la planète Mars.
Découverte le 3 janvier dernier par Rob H. McNaught à l'observatoire de Siding Spring, quelques jours seulement avant que celui-ci doive fermer provisoirement ses portes du fait des incendies géants touchant l'Australie, la comète C/2013 A1 Siding Spring doit en effet frôler la planète Mars lors son approche du Soleil.
Déboulant comme le font toutes les autres comètes à très longue période des confins du Système solaire, C/2013 A1 Siding Spring passera au plus près du Soleil (périhélie) le 25 octobre 2014, à une distance de 1,4 Unités Astronomiques de notre étoile, soit environ 210 millions de km. Très inclinée sur l'écliptique (129°), elle croisera quelques jours avant son périhélie l'orbite de Mars, au moment où cette dernière s'y situera : rencontre cosmique assurée !
Ces dernières années, suite à la collision entre les débris de Shoemaker-Levy 9 et la planète Jupiter en juillet 1994, Hollywood nous a habitué à bon nombre de films catastrophes (ou catastrophiques ?;) ) mettant en scène une méchante comète se dirigeant inexorablement vers la Terre. Mars va t-elle subir le châtiment suprême ? Pas nécessairement.
A l'heure actuelle, tout risque de collision n'est pas écarté, mais il n'y a encore vraiment rien de sûr. D'après les dernières données orbitales obtenues hier, le 27 février, C/2013 A1 Siding Spring va frôler Mars à 41 000 km de distance de son noyau, ou plus concrètement à seulement 37 000 km de sa surface. C'est nettement plus près que les chiffres annoncés la veille, qui eux annonçaient une distance de plus de 100 000 km entre la planète rouge et le noyau de la comète. Et c'est normal que ces chiffres évoluent : C/2013 A1 Siding Spring n'est en effet connue que depuis deux mois, aussi les données concernant son orbite ont encore besoin d'être affinées. Il est même certain que cette distance de 37 000 km va encore évoluer à la faveur de nouvelles observations. En bien ou en mal ? Seul l'avenir nous le dira... Une chose est certaine : la comète passera très près de la planète Mars.
Perspectives scientifiques
Cette rencontre serrée entre une comète et la planète Mars n'a pas que du mauvais, car elle représente une occasion unique d'étudier de près une comète à très longue période.
Jusqu'à maintenant, les seules comètes a avoir été étudiées par des sondes automatiques sont des comètes périodiques dites à courtes périodes (moins de 200 ans), tout simplement en raison des contraintes techniques. Les comètes à très longue période ne sont en effet détectées au mieux que deux ou trois ans avant leur arrivée dans le Système solaire interne : un temps évidemment bien trop court pour concevoir une mission, la préparer et la lancer à temps. D'un point de vue scientifique, les comètes à très longues périodes sont de véritables archives du Système solaire : comme elles orbitent normalement aux confins du Système solaire, dans la ceinture de Kuiper ou le Nuage de Oort, elles ne sont jamais passées près du Soleil et leur surface n'a donc pas été érodée par notre Soleil. Ceci ne retire néanmoins aucun intérêt scientifique aux comètes périodiques déjà étudiées : leurs passages répétés près du Soleil les a juste plus érodées que leurs lointaines consoeurs.
Gageons que si tout risque de collision est écarté, les nombreuses sondes en orbite et à la surface de Mars pourront étudier de près cette comète. Les instruments haute résolution de Mars Reconnaissance Orbiter, véritable satellite-espion martien, seront certainement mis à contribution. De même que les rovers Opportunity et Curiosity, qui devraient bénéficier d'une comète de magnitude -8 ou -8,5, vue du sol martien ! Pour comparaison, cette magnitude est un peu inférieure à celle d'un quartier de Lune. Ceci dit, même avec un survol rapproché de la comète, une menace pèse sur les rovers. Ce sera justement le sujet de notre prochain article ! Restez à l'écoute ou, mieux, connectez-vous à notre groupe Facebook. ;-)
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